Le Creusot Quartier le tennis : La vidéo protection qui divise

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Jsl le 06/10/2015
LE CREUSOT
Quartier le tennis : La vidéo protection qui divise

Certains craignent pour leur sécurité, d'autres ont trouvé leur havre de paix dans le quartier. Photo G. C.
Certains craignent pour leur sécurité, d’autres ont trouvé leur havre de paix dans le quartier. Photo G. C.
400 000 €. C’est la somme que déboursera le bailleur social pour la mise en place de la vidéo protection. 1 310. C’est le nombre d’habitants qui vivent au quartier du Tennis. 26 % des ménages perçoivent des allocations chômage.

Dans le cadre du contrat de ville, l’OPAC 71 prévoit la mise en place de la vidéo protection d’ici 2017. Qu’en pensent les habitants ?

C’est pourri ici ! » Quelques habitants du quartier du Tennis grognent. Ce week-end, les caves d’un immeuble ont été l’objet de dégradations et de squats.

Mariée et mère de deux enfants, Lisette, originaire de Hollande, veut déménager. La trentenaire ne se sent plus en sécurité dans le quartier. « Je ne sors pas sans mon chien. Je pense que mes enfants ne sont pas en sécurité », confie cette mère de famille.

D’ici 2017, l’Opac de Saône-et-Loire mettra en place la vidéo protection dans des halls d’immeubles du quartier. Une technicienne de surface chargée des parties collectives des immeubles approuve : « A l’entrée, on nettoie l’urine, mégot, des papiers de bonbons… Les jeunes n’ont pas de respect. Et ça pourrait rassurer les personnes âgées. »

L’emploi comme porte de sortie

À 51 ans, Sabri [1], sans emploi, a passé sa matinée sur un banc, à boire une bière. « Quand on n’a pas de travail, les journées sont longues. On n’a pas de travail, pas d’argent, les gens sont désœuvrés, désorientés. Il y en a qui boivent, qui fument du shit… C’est ça qui fait l’insécurité ? Il y en a qui sont dans le besoin et on investit dans ça… », regrette le quinquagénaire. Le Tennis est l’un des quartiers au niveau de précarité financière le plus élevé du territoire selon le diagnostic de la Communauté urbaine Le Creusot-Montceau.

“La vidéo protection ne va pas régler les problèmes de fond.”

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René Chalier, président de la Régie de territoire

« La vidéo protection ne va pas régler les problèmes de fond. C’est une réponse en termes de tranquillité et sur le vivre ensemble. Mais c’est l’emploi qui est le cœur de la solution », martèle René Chalier, président de la régie de territoire. Cette association, qui œuvre dans l’insertion professionnelle, veut casser l’image de ces jeunes issus des quartiers auprès des entreprises.

La solidarité à tous les étages

Arrivé en 1978 dans le quartier, Guy, 90 ans, semble avoir trouvé son havre de paix. « Les dégradations sont insignifiantes. Il y a toujours quelque chose dans les immeubles collectifs. Je me sens bien dans cet environnement. »

Devant son immeuble, Nasria comprend l’errance de certaines personnes. « Ces jeunes qui squattent ne savent pas trop où aller. Ils n’ont plus de repères. Il manque des solutions pour les accompagner et leur proposer plus d’activités. Il faut les prendre un petit peu aux sérieux. »

Habitante depuis 2009 dans le quartier, elle a déjà eu à se rebeller contre certains squatters. Aucune agression, mais des dégradations le lendemain. « Les gens sont solidaires, reprend Nasria. Par exemple, la semaine dernière, j’allais faire mes courses. J’ai demandé à ma voisine si elle avait besoin de quelque chose. Et je lui ai ramené une baguette de pain. »

[1Le prénom a été modifié