CHARGE DE TORCY Ce « Mont Sita » qui fait peur

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JSL le 17/11/2014 | Nicolas Manzano

CHARGE DE TORCY
Ce « Mont Sita » qui fait peur

Ouverte à tous, cette conférence-débat a réuni une quarantaine de personnes. Photo N. M.
Ouverte à tous, cette conférence-débat a réuni une quarantaine de personnes. Photo N. M.

Dans le cadre de l’après-midi débat sur le thème des déchets organisé au Creusot par Europe Écologie les Verts (EELV), le sujet de la « décharge » de Torcy a été très commenté samedi à la Maison Saint-Henri.

Dans la continuité de la conférence assurée vendredi au Creusot par Bernard Crozel, responsable de la commission nationale déchets non nucléaires d’EELV ( lire nos pages départementales ), la jeune association Stop Bourgogne poubelle était invitée, samedi, à faire le point sur ses actions en vue d’obtenir la fermeture rapide du centre de stockage des déchets non-dangereux de Torcy, exploité par Sita centre-est.

100 000 tonnes par an

Par la voix de sa secrétaire Émilie Mondoloni, l’association a d’abord retracé l’histoire d’une décharge installée en 1978 sur un sol perméable, au-dessus de nappes phréatiques et à proximité de la Bourbince. Elle a accueilli durant des années des déchets industriels dangereux, principalement issus des activités de Creusot-Loire. « Depuis 1985, la décharge accueille des déchets ménagers. L’arrêté préfectoral de 2011 autorisant l’exploitation jusqu’en 2019 permet l’entrée de 100 000 tonnes de déchets par an », a précisé Émilie Mondoloni.

Outre ses actions entamées pour prouver les pollutions anciennes et actuelles du sol et de l’eau par des métaux lourds et lixiviats (liquide résiduel), l’association cherche à mettre en évidence le danger pour la santé et la sécurité publique que représente la présence de poches de gaz explosives dans cette immense montagne de déchets, qualifiée de « Mont Sita ». « Un cocktail de gaz, dont du méthane et du gaz moutarde qui, à notre connaissance, a déjà occasionné une évacuation du site au moins. Tout n’est pas brûlé par les torchères qui fonctionnent 24 h/24 », soutient la secrétaire.

Une « cocotte-minute »

Cette inquiétude, Roland Fuchet, maire de Torcy, la partage en qualifiant l’installation de véritable « cocotte-minute ». « La page de la décharge va se tourner, mais c’est maintenant que l’État doit négocier la mise en sécurité du site par l’industriel, qui en a les capacités financières. La police du maire s’arrête aux installations classées », a déclaré l’élu, refusant de plaider coupable sur ce dossier.

Une situation qui a rappelé à tous les participants le scandale de la décharge de Montchanin, aujourd’hui transposé à Torcy. Mais pour Bernard Crozel, d’EELV, il n’est jamais trop tard pour agir contre les pollutions : « Il est possible d’exiger des prélèvements par la police de l’eau à la sortie de Sita, puis un programme de dépollution. Mais les réunions ne donneront rien. Pour faire bouger les choses, il vous faudra agir en garnements ! »

La CUCM interpellée

Parallèlement, Alain Thomas, propriétaire du château de Torcy, classé monument historique, mène une action en justice contre l’arrêté préfectoral autorisant la poursuite d’exploitation sur d’anciennes parcelles de l’édifice, elles aussi classées. Une action basée sur la non-conformité de la nouvelle digue de rétention des déchets. Il a ainsi interpellé Jean-François Jaunet, vice-président de la communauté urbaine en charge de la politique des déchets ( voir ci-contre ), pour réclamer une intervention de la CUCM en vue d’obtenir un référé suspensif. « Les élus n’ont pas tous les pouvoirs », a répondu ce dernier, qui assuré de la fermeture du site « au plus tard en 2019 ».

Dans le cadre de la conférence-débat de vendredi, Jean-François Jaunet, vice-président de la CUCM, a présenté au public la politique communautaire de collecte et de gestion des déchets. Dans ce cadre, a été évoqué le possible rapprochement avec le Syndicat mixte d’élimination et de valorisation des ordures ménagères (Smevom) du Charolais-Brionnais et Autunois. Un projet qui s’accompagnerait d’un doublement de la capacité de compostage de Creusot-Montceau recyclage en vue de traiter les déchets du Smevom actuellement évacués vers la décharge de Torcy (30 000 tonnes par an selon nos sources). L’élu a par ailleurs annoncé le lancement d’une phase test de refus de collecte de bacs jaunes en cas de mauvais tri des habitants. Cette mesure devrait concerner pour l’instant quelques tournées seulement.